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Choix du volume de l'aquarium

Rubrique : Premiers pas
Auteur : JLC
Niveau : Débutant

Introduction
Le débutant, après quelques recherches rapides sur la meilleure façon de commencer, et bien que certains conseils soient contradictoires, est rapidement édifié : L'aquariophilie d'eau de mer mérite une bonne réflexion : Un débutant doit se documenter, faire des recherches, apprendre… Cela n'est guère facile et l'on n'est pas guidé dans cette démarche. Il faut faire le tri des informations et savoir par où commencer.

D'un autre coté, celui-ci vient généralement de l'aquariophilie d'eau douce, et sans vraiment définir son projet, souhaite réutiliser au maximum son ancien matériel. En particulier un aquarium inutilisé ou 'convertible' (Je suis également passé par là). Aussi sa recherche est avant tout : Quel équipements dois-je ajouter pour le faire fonctionner ?

Cela n'est pas une bonne idée. Pourquoi ? Parce que les dimensions, les équipements d'eau douce ne sont pas biens adaptés à son nouvel usage. Si l'aquarium ne convient pas, tout le projet sera pénalisé. Aussi n'ayez pas de préjugés et déterminez avec discernement et librement le but de votre projet.

Ce petit article n’a pas la prétention de répondre à toutes les interrogations mais, défenseur du micro-nano oblige, il fourni quelques éléments de réflexions sur le point précis concernant le choix du volume de l’aquarium.

Exposé du problème
Les aquariums sont classés en types selon leur utilisation :
  • Hébergeant uniquement des poissons : Aquarium ‘FO’ ou ‘Fish Only’.
  • Abritant des coraux mous, des invertébrés résistants ainsi que quelques poissons compatibles avec ce biotope.
  • Abritant des coraux durs et/ou des invertébrés plus exigeants ainsi que quelques poissons compatibles avec ce biotope.
Les invertébrés sont des organismes plus sensibles que les animaux supérieurs et un aquarium abritant des coraux en plus des poissons doit avoir une meilleure qualité d'eau. Il faut notamment obtenir un taux de nitrates et de phosphates proches de zéro et un taux de nitrites nul. Ces paramètres doivent être stables et maintenus dans le temps. La qualité d'eau est alors apte pour un aquarium récifal mais cela n'est pas aussi simple à obtenir qu'une qualité d'eau satisfaisante pour un aquarium ‘Fish Only’. Le matériel du récifal est ainsi adapté à la conservation des invertébrés. L'aquarium joue également un rôle important dans la mesure où les techniques de filtration dépendent pour beaucoup du volume.

Or le volume de l'aquarium récifal pourra être moindre que celui d’un aquarium FO où les poissons, qui sont la principale attraction, réclament de l’espace pour leurs ébats et aussi par le fait que ces derniers, gros mangeurs, vont générer beaucoup de déchets organiques. Ces déchets organiques doivent être épurés et la qualité de l'eau dépend pour une bonne partie du système de filtration mis en place dans l'aquarium marin.

Voici les principales techniques de filtration à notre disposition selon les deux types d’aquarium:
Les méthodes classiques de filtration adaptées aux ‘Fish Only’, aquariums où la production de déchets est importante mais où les animaux sont résistants à des taux de nitrates assez élevés, et les techniques spécifiques aux aquariums récifaux assez peu producteurs de déchets mais où en revanche les animaux sont très sensibles à la pollution.

Les objectifs et la capacité de recyclage de ces deux types d’aquariums sont donc assez différents.
Techniques éprouvées pour les aquariums FO (poissons)
  • Filtres humides ou semi-humide, à ruissellement ou ‘gouttière’, à ‘bio-balles’.
  • Filtres humides, bio-balles, gouttière, etc. + écumeur.
  • Filtres humides, bio-balles, gouttière, etc. + écumeur + DAS .
  • Filtres à algues : Méthode Adey .
Techniques pour les aquariums récifaux (poissons et invertébrés)
  • Pierres Vivantes + écumeur : Méthode berlinoise
  • Pierres Vivantes + Sable Vivant : Méthode DSB
  • Pierres Vivantes + Sable Vivant + plénum : Méthode Jaubert
Si, grâce à ces méthodes, maintenir un aquarium FO ou récifal est à la portée de tous, un débutant doit savoir rester humble et limiter ses ambitions. Pourquoi commencer avec un aquarium peuplé d'espèces fragiles ou réputées difficiles à conserver ? Il est préférable d’acquérir une première expérience en utilisant les techniques les plus simples, les plus éprouvées et de choisir les animaux les plus robustes en captivité.

Le régime alimentaire, la nécessité d’un environnement spécifique, le comportement, peuvent rendre problématique et même impossible la conservation à long terme des animaux.

Le projet sera construit de façon à prendre en compte dès le début les exigences des futurs pensionnaires de l’aquarium. Par exemple : L’investissement dans une excellente source d’éclairage si le but est de conserver à terme des coraux durs.

Un aquarium ‘Fish Only’ n’est pas aussi simple à réaliser que cela et réclame des moyens importants : Bac de grand volume, filtres externes dimensionnés pour absorber la quantité importantes de déjections. L’équilibre naturel ne peut être reproduit simplement du fait de la disproportion entre la population des animaux de grandes tailles et celle des petits organismes. Finalement la stabilité sur une longue période n’est obtenue qu’avec l’aide d’un matériel imposant.

Pour ces raisons, il est conseillé de commencer avec un petit aquarium récifal peuplé de très peu de poissons où les invertébrés, en particulier les alcyonaires résistants (coraux mous), constituent l’essentiel du décor. Cet aquarium nécessite certainement un faible taux de nitrates mais n’a pas d’exigences particulières et est relativement facile si le choix des poissons et des invertébrés est fait raisonnablement et que l’on s’en tient aux espèces recommandées aux débutants. Ce type d’aquarium est aussi suffisamment complexe et passionnant pour ne pas vous faire regretter votre choix. Sa longévité vous apportera beaucoup de plaisir pendant de nombreuses années.

Un petit volume est généralement instable car son équilibre biologique et physico-chimique est plus délicat à maintenir que celui d’un bac plus volumineux. Dans un grand aquarium les variations sont effectivement plus lentes à s’opérer et le temps de réaction pour corriger un problème est allongé. Pour cette raison, et aussi pour les conditions de vie infligées aux poissons, les volumes inférieurs à 300 litres sont généralement déconseillés aux débutants.

Mais la réalisation d’un aquarium de petit volume est aussi un bon test, une première étape, qui vous permet de savoir si vous êtes un bon observateur, attentif au moindre changement et apte à l’aquariophilie récifale. Depuis quelques années, grâce à des techniques adaptées, il est prouvé qu’un aquarium récifal de faible volume pouvait être viable et accessible aux débutants.

Pourquoi choisir un volume réduit
  • Un petit bac nécessite un investissement moindre qu'un grand.
  • Certaines dépenses sont vraiment diminuées : Pierres vivantes, invertébrés et détritivores, coraux, poissons, eau, sable. Mais il ne faut pas généraliser, d'autres non, en particulier une partie de l'équipement technique indispensable au fonctionnement et dont le coût n’est pas proportionnel au volume.
  • L'entretien est plus simple et moins coûteux : Changements d'eau, additifs, nourriture, masses filtrantes, factures EDF, facilités de déménagement, …
  • Personne n'est à l'abri d'une erreur ou d'un coup de malchance. Et les risques sont considérablement accrus lorsque l'on est débutant. Les pertes dans un petit bac seront donc sagement limitées.
  • Entretenir un petit aquarium occupe moins de temps qu'un grand. La corvée du changement d'eau risque moins d'être oubliée car elle est moins pénible.
  • Faire accepter ce projet par votre entourage sera sûrement plus facile.
Connaître les contraintes d’un volume réduit
  • Résister à la tentation d'introduire un trop grand nombre de poissons, des poissons de trop grande taille, inadaptés ou ayant besoin d'espace ou de cachettes pour fuir un harcèlement et se sentir en sécurité. Il faut savoir que les poissons sont responsables de la plus grande partie des déchets que l’aquarium doit extraire ou recycler et que la capacité d’épuration diminue avec le volume de l’aquarium. D’autre part le choix de l’aquarium récifal demande de renoncer à l’attrait des splendides poissons tels que les balistes (Balistidae), poissons-papillons (Chaetodontides), poissons-anges (Pomacanthidae), poissons-chirurgiens (Acanthuroïdes), etc. Seules peu d’espèces sont compatibles avec un petit aquarium récifal.
  • Ne pas compter son temps passé à surveiller, observer et mesurer. Cela est bien entendu également vrai avec un grand bac mais le faible volume ne vous libère pas de cet engagement important.
  • Etre bon observateur et savoir interpréter les signes avant-coureurs d'un dérèglement.
  • Contrôler ses réactions et agir toujours avec modération.
Les différents modèles d’aquariums récifaux classés par volume
Le mini-récif
Si votre souhait est avant tout la conservation de plusieurs couples de poissons et si votre budget vous le permet, optez pour un aquarium mini-récif de 200 à 500 litres environ, qui est assez stable, plus tolérant aux erreurs de dosage et qui offre de meilleures conditions de vie aux animaux. Soyez conscient que malgré cette apparente stabilité, un volume plus important ne fait souvent que retarder l'apparition des symptômes d'un dérèglement et qu'alors son inertie devienne pénalisante pour rectifier la situation. Un volume important ne vous dégage donc pas de l'attention et du temps que vous devrez accorder à votre aquarium.
D’autre part l’investissement en temps et argent est forcément conséquent.
Bien que techniquement faisable, choisir un volume supérieur à 500 litres semble trop ambitieux pour un débutant. Après une première expérience, vous pourrez envisager plus sereinement cette réalisation.

Le micro-récif
Le micro-récif d’un volume compris entre 200 et 50 litres est un compromis entre difficulté propre au volume, budget, temps et plaisir.
Le choix des poissons est limité et leur nombre devra être minime mais ils seront présents, ce qui, il faut l’avouer, est souvent le souhait initial. Le volume est aussi suffisant pour la conservation et le développement des invertébrés les plus courants. Le matériel est certes un plus complexe que dans un nano mais il sera plus facile de le dissimuler dans le décor.

Le nano-récif
A l'opposé des aquariums de volume important, vous pouvez choisir de faire un nano récif, bac de moins de 50 litres. Dans ces aquariums bonsaïs le choix se limite à maintenir seulement quelques invertébrés et il devient pratiquement impossible au débutant d'y conserver des poissons. Mais si vous y placez seulement quelques coraux et petits invertébrés l'effet spectaculaire est (presque) garanti et le rapport satisfaction - prix imbattable !
La principale difficulté du nano-récif est liée directement au volume d’eau entraînant une très faible inertie et en conséquence, une instabilité chronique, en particulier celle de la température. L’évaporation relativement importante rend problématique le maintien de la salinité à un niveau constant. Aussi l’installation doit être conçue en tenant compte de ces facteurs pour en diminuer les effets (automatismes obligés !).
La capacité d’épuration des déchets est évidemment limitée et il faut résister à la tentation de mettre des animaux incompatibles avec le volume très réduit. Seul un choix restreint d’espèces convient, il faudra impérativement s’y tenir.
Sous réserve de bien suivre ces recommandations, le nano-récif est la solution pour démarrer en aquariophilie récifale avec un matériel et un budget minimum.

Le pico-récif
Le pico de moins de 20 litres augmente encore la difficulté en amplifiant les défauts du nano. Je ne pense pas qu'il soit raisonnable de comnencer avec ce type de contrainte.

Pour vous aidez à choisir
  • Si les poissons sont votre passion, réalisez de préférence un mini récif, vous pourrez y conserver ainsi les poissons récifaux les plus intéressants. Le budget nécessaire sera à hauteur de la réalisation.
  • Si vous êtes attirés par la conservation mixte des invertébrés et de petits poissons dans un aquarium naturel alors plongez dans le ‘micro-récif’ !
  • Si vous êtes attirés par l’originalité et le minimalisme des aquariums bonsaïs et acceptez de renoncer à l’attrait des poissons, lancez-vous dans l’aventure du nano.

Classement perso des différents volumes
VOLUMESup. 200 L200 – 100 L100 – 50 L50 – 30 LInf. 30 L
AppellationMini-récifMicro-récif +Micro –récif -Nano-récifPico-récif
TypeFO ou récifalRécifal, choix limité de poissonsRécifal, choix et nombre très réduit de poissonsChoix limité d’invertébrésChoix très réduit d’invertébrés
Stabilité ou inertieGrandeMoyenneRéduiteFaibleTrès faible
Coût et entretienImportantMoyenMoyenRéduitRéduit
Autonomie (1)1-2 semaines1 semaine3 – 5 jours2 – 3 jours1 – 2 jours
Choix conseillé au débutant*** * * * (* 2)* **


(1) L'autonomie peut être améliorée par les automatismes ou asservissements tels que : Régulation du niveau d’eau par osmolateur, de la température par climatiseur, etc. On voit qu'ils sont quasi indispensables avec un petit volume, heureusment il existe des solutions à 'petits prix' (Voir le nanoZine de juin).

(2) Choix possible aux débutants sous réserve que l’aquarium ne contienne que des invertébrés et un nombre et choix extrêment réduits de poissons (et même aucun :-).

Conclusion
  1. Oubliez votre aquarium d'eau douce, libérez vous des préjugés tenez compte de l'avis des amateurs expérimentés (cela n'est pas contradictoire :-).
  2. Fixez votre objectif sans surévaluer vos capacités techniques et financières.
  3. Il vaut mieux revoir son projet avec modestie que de ne pas arriver à mettre les moyens nécessaires à sa réalisation.
  4. Tenez compte de l’avis de votre entourage et n’imposez pas un projet qui ne sera pas accepté.
Nota : Cet article est, pour une bonne partie, une reprise de mon Petit manuel et ne prétend pas faire référence, c'est un avis, il y en a d'autres, il n'y a pas de dogme.

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