Mensuel internet des micro et nano aquariums récifaux

édiTo Juillet 2007

nanoZine numéro 16 !


Tout d’abord le résultat de deux sondages réalisés sur FNR :
Ces sondages démontrent que l’aquarium typique du 'nanorécifaliste' a généralement moins d’un an et que le budget est compris entre 1000 et 2000 euros ce qui peut être considérer comme 'modeste' comparativement aux installations de plus grand volume. J'ajouterai que bien souvent il s'agit du premier aquarium marin réalisé.

Le nanorécif est ainsi un phénomène récent qui continue de prendre de l’ampleur. Les industriels ne s ‘y trompent pas et proposent progressivement du matériel ciblé pour ce nouveau marché.

Un aquarium d’un nouveau type arrive en masse, il s’agit du ‘Plug ‘n Play’, vous branchez la prise et l’aquarium est prêt à l’utilisation (enfin, ce n’est pas si simple ;-). Cette gamme de matériel est assez en vogue outre-Atlantique, il débarque chez nos revendeurs et particulièrement dans les animaleries. L’exemple typique est le Red Sea Max. Red Sea nous a habitué au pire (les coraux synthétiques fluos) comme au bon. Dans ce cas il faut reconnaître que le résultat est correct, l’aquarium est effectivement assez bien conçu et esthétiquement superbe. Cependant certains équipements techniques font défauts et des améliorations sont aussi nécessaires pour que système fonctionne parfaitement. En fait le principal inconvénient de cet aquarium est que son achat est trop facile ! Il et ne pousse pas le débutant à faire les patientes recherches du matériel et de son assemblage qui sont, finalement, un bon apprentissage. Avec un bon vendeur l’achat est conclu sans avoir pris la connaissance des contraintes inhérentes au maintien des espèces récifales, et parfois un rendez-vous est pris la semaine suivante pour l'introduction des coraux et des poissons !
La pub du Red Sea Max, un amateur peut-il arriver à ce résultat ?

Il est possible de faire quelque chose de bien avec un Red Sea Max, comme il est possible de se 'planter'. Le rôle de FNR, et de nanoZine, est d’accompagner le néophyte, de l’aider à faire fonctionner son petit aquarium. Par exemple : Guider les choix de population, proposer des astuces de ‘tuning’ du matériel ou encore planifier la mise en service et la maturation de l'aquarium. Ces conseils ne sont que très rarement donnés en animalerie car contraire à la vente rapide. C’est pourquoi nous débutons une série d’articles consacrés à ce type d’aquarium et, que parallèlement, nous le forum de FNR est ouvert aux propriétaires de ces aquariums afin que ceux-ci puissent s'épauler, échanger leur expérience et avoir le support d'amateurs plus expérimentés. Dans ce numéro Jeemy relate une expérience réussie avec son Max.

Jean-louis Cuquemelle alias JLC

Au sommaire du numéro 16 :
  • Le MAx de Red Sea – Première partie - Jeemy
  • Le Gobiasoma oceanops dans les nanorécifsvonvon
  • Crevettes, deux ou trois choses d’ellesJLC
  • Ah, ces horribles vers ! – Ron Shimek (traduit par JLC)
  • Les systèmes récifaux naturelssystem c
  • Le pico de T_R_TThe Reef Terminator
PS : L’adresse du support Red Sea pour son Max :
http://www.redseamax.com/redseamax/FR/Red_Sea_MAX_support.html

Enfin, comme il n'y a pas de mal à se faire du bien, la courbe audimat de notre nanoZine sur un an :
Les intermittents du nano ont la tête dans les récifs

Le Max de Red Sea

Rubrique : Matériel
Auteur : Jeemy
Niveau : Débutant


En Septembre 2006, un nouveau bac tout équipé « plug and play » pour nanorecifalistes a fait son apparition. Il est temps, après quelques mois d’expérience, de vous présenter ce bac.

Présentation Rapide du matériel
Je ne vous ferai pas une présentation complète du matériel (celle-ci étant déjà sur le site de Red Sea), le but de cet article étant de vous présenter mon expérience sur ce matériel.

La capacité de la cuve est de 130 litres (61*50*50), avec une partie technique/décante à l'arrière du bac.
C’est du verre moulé de 8mm avec des angles arrondis (sans collage).

La partie technique contient :
  • Surverse avec vanne réglable pour écumer la surface
  • Ecumeur de 1200 l/h type Prizm pro.
  • Thermoplongeur de 150w
  • Deux pompes de remontée de 550 l/h avec sorties orientables
L’éclairage :
  • 2 doubles tubes T5. Un double tube est composé d’un 10 000 K° et d’un Actinique. Ils sont gérés par ballast électronique
  • diode bleue “Moonlight” pour la phase lunaire
  • couvercle avec ventilateur pour évacuer la chaleur de l’éclairage
  • une minuterie
La partie électrique :
Une multiprise intégré dans la partie arrière du bac avec un cache anti- éclaboussures pour brancher tous les équipement du bac. Une seule prise à brancher au mur !
Cette multiprise permets également de couper séparément et de manière simple via des interrupteur tous les équipements du bac.

Les avantages de ce matériel :
  • L’aspect du bac, est relativement bien fait visuellement, le CAF est en hausse. Pas de fil qui pend ou de tableau électrique à caser,
  • Le montage électrique bien caché et tout intégré,
  • Le matériel assez bien calibré pour la taille du bac pour débuter dans le monde du nanorecif. Ainsi pour un débutant, pas besoin de dimensionner les différents éléments.
Passons maintenant aux inconvénients :
  • La température de l’eau : le bac est fermé, la chaleur n’est donc pas évacuée et ça chauffe très vite ! Sans thermoplongeur allumé, il faut compter 3 à 4°C de plus que la température de la salle dans laquelle il se trouve.
  • Un brassage trop faible. Il y a 1100l/h soit 8 fois le volume d’eau du bac.
  • L’aspect « tout compris » est alléchante mais attention aux éléments qui tombent en panne. Par exemple, si la minuterie ne fonctionne plus, il faut changer le capot complet du bac! Idem pour l’éclairage (sauf pour le remplacement des tubes bien sur)
Mais comme on dit, à chaque problème, une solution. Sinon ce n’est pas un problème.

Les petits pièges à éviter au démarrage :

Il faut éviter quelques pièges, qui, quand on est débutant ne sont pas évidents à déceler. Mais je tiens tout d’abord à dire que rien ne remplace une bonne lecture et la recherche d’informations sur différents livres et sites.
  • Tout d’abord, il est souhaitable de ne pas utiliser la céramique qui est un piège à bactérie,
  • Idem pour la filtration mécanique (mousse noir) qui va retenir les déchets organiques (ce qui les empêchera d’être traités soit par l’écumeur soit par les PV). La filtration mécanique est à utiliser périodiquement, par exemple, lors d’une tempête anti sédiment pour récupérer ceux-ci.
  • idem pour le charbon actif, à n’utiliser que pour un traitement de l’eau lorsqu’un problème survient.
Les Améliorations :

Brassage : l’ajout d’une petite pompe de brassage genre coralia ou nanostream permets d’accroître le brassage à environ 3500l/h, soit 26 fois le volume d’eau du bac. (Budget d’environ 50€ à prévoir à l’achat du bac).

Chaleur : il y a 3 possibilités :

  • Votre pièce est tout le temps fraîche (<21°)>
  • Votre pièce est chaude en été et vous avez le budget nécessaire pour ajouter un climatiseur pour l’eau du bac : il y a un espace prévu pour l’entrée/sortie du climatiseur.
  • Votre pièce est chaude et vous n’avez pas de budget pour un climatiseur. Je propose ce petit montage : des règles à l’arrière du bac permettent de maintenir le capot à 10 cm du bac ce qui permets d’évacuer l’air chaud. Ceci ne dénature en rien l’apparence du bac. Bien sur, le capot ne se soulève plus mais je n’ai pour l’instant relevé aucun inconvénient !
Support équerre à 8cm du bac
  • L’ajout d’un ventilateur dans la partie arrière prévue spécialement à cet effet permettra de gérer comme tout autre bac non fermé les températures de cet été (avec les limites de ce système bien sur)
L’osmolation : il est possible d’ajouter un système d’osmolation dans le bac. Je conseille de mettre le capteur de niveau juste après la surverse, car c’est à cet endroit (si on ne touche pas au niveau de la surverse) que le niveau doit rester stable. Après l’écumeur le niveau d’eau n’est pas constant.

Capteur de niveau

rejet de l’eau osmosée

Bruit des ventilateurs :
il suffit tout simplement de remplacer les ventilateurs existant par des ventilateurs à roulement à billes (taille 5cm*5cm). Par la même occasion, on peut ajouter un 3ème ventilateur pour augmenter l’efficacité d’évacuation d’air chaud.

Démontage du capot :

Il faut enlever la protection plastique des T5, enlever les caches des vis (voir photo), enlever les tubes et dévisser les crochets des T5.

Démontage des anciens ventilos :

Il faut tout simplement dévisser le domino qui retient les fils des ventilateurs, placer les nouveaux ventilateurs (les caler avec un peu de silicone s’ils vibrent) et les connecter à l’identique des anciens.

Les bulles dans le bac : J’ai eu, comme beaucoup de personnes, le problème des micro bulles dans le bac. Il y a 2 problèmes différents :

Problème 1 : si vous avez laissé les mousses de filtrage, elles s’encrassent et bouchent peu à peu l’arrivée d’eau. Le niveau d’eau baisse et du coup les pompes qui sont presque en surface, aspirent l’eau et l’air. Tout ceci est recraché dans le bac.

Solution 1 : comme vu précédemment, ne pas mettre les mousse de filtration fournie avec le bac.

Problème 2 : bulles qui sortent de l’écumeur et sont aspirées directement par les pompes de remontées et rejetées dans le bac.

Solution 2 : Sur ce coup là j’ai tout essayé :
  • crépine sur les pompes
  • mousse à la sortie de l’écumeur,
  • tubes sur l’aspiration des pompes pour puiser l’eau plus bas,
  • les 3 en même temps…
Rien n’a marché. Le phénomène a disparu avec le temps. Je pense qu’il faut un temps de rodage de l’écumeur.

Voilà quelques semaines que je ne fais plus de modifs sur le bac, et tout tourne très bien. Il a passé les grosses chaleurs de Juin sans dépasser 28°. Je peux partir sans soucis plusieurs jours. De plus les habitants se portent à merveille.

Voilà le bac au départ (27/12/2006):
et il y a 2 mois :
A bientôt !

Gobiasoma oceanops dans les nanorécifs

Rubrique : Animaux
Auteur : vonvon
Niveau : Débutant



Famille : Gobiidae (Gobies)
Nom français : Gobi néon
Nom scientifique : Elacatinus oceanops (Jordan, 1904)
Répartition : Caraïbes
Taille : 5 cm

Habitat géographique :

Le Gobiosoma oceanops est trouvé dans l'Océan atlantique occidental, principalement dans les récifs coralliens de Floride. On le retrouve généralement dans des secteurs peu profond (1 à 2 mètres) mais peut habiter en profondeur jusqu’à 40 mètres.

Description :

Le Gobiosoma oceanops est un petit poisson fin qui atteint à peine 5 centimètres à l’âge adulte. Son espérance de vie dans son habitat naturel est de 4 ans mais n’excède rarement 2 ans en aquarium. Ce poisson nommé aussi Gobi néon tire son nom de cette ligne bleue métallique qui lui traverse le corps de chaque côté, elle commence au-dessus de chaque œil pour se terminer à la base de la queue. Son corps noir au ventre blanc avec ses deux lignes bleues iridescentes le rend facilement identifiable. Le dimorphisme sexuelles n’est pas évident, le mâle a une papille génitale en forme de cône aiguë situé devant la nageoire anal.

Nourriture :

Le Gobi néon est carnivore, bien que les parasites et crustacés qu’il consomme dans son environnement naturel lui suffisent, un complément journalier lui est nécessaire. Il accepte aisément de petites nourritures carnées, des aliments congelés et même des comprimés donnés aux poissons d’eau douce. Les petites proies comme mysis, krill, daphnies et artémias est une alimentation de premier choix. Le Gobiosoma oceanops accepte aussi les feuilles de nori et les épinards.

Entretien :

Le Gobiosoma oceanops est généralement très facile à maintenir car robuste, idéal pour l’aquariophile débutant. Il peut être maintenu dans un bac communautaire autant que dans un bac récifal, cependant c’est un poisson qui apprécie les cachettes que peuvent lui fournir les pierres vivantes. Il faut lui fournir les soins de base d’un aquarium récifal en établissant un changement d’eau de l’ordre de 10% à 20% par mois. Dans un bac FO (Fish-Only) on constate qu’ils supportent un taux de nitrate élevé tout comme la plupart des poissons.

Comportement social :

Dans leur environnement naturel les gobis néon peuvent être solitaire, en couple mais aussi par groupe d’une trentaine voire plus. L’Oceanops est un poisson assez sociable et généralement non agressif, cependant il est territorial et défend son territoire surtout si un couple est formé. Ils établissent un « poste de nettoyage » où chirurgiens, poissons ange et poissons papillon indiquent leur désir d’être déparasité en inclinant ou en écartant leurs nageoires, parfois même en changeant la couleur. Cette caractéristique de « poisson déparasiteur » permet d’éviter certaines maladies que peuvent contracter les poissons sensibles. L’oceanops se retrouve généralement au milieu de l'aquarium où il reste souvent posé sur les coraux, attaché par ses pelviennes modifiées en ventouses. Ils peuvent être maintenus avec un large panel de poissons, coraux et invertébrés. Il parait même que la présence de l’oceanops peut rendre moins stressés certains poissons !!

Reproduction :

Le Gobiosoma oceanops a été l’un des premiers poissons marins à se reproduire en captivité. A l’étranger, ceux proposés dans le commerce sont souvent issus de fermes d’élevage car les larves peuvent facilement être alimentées avec des rotifères. Si le dimorphisme n’est pas aisément reconnaissable, acquérir plusieurs individus permet d’obtenir très facilement un couple si le bac fait au moins 70 litres. Attention toutefois à prévoir un aquarium assez grand car une fois le couple formé, ce dernier chasse férocement tout autre individu de la même espèce. L’accouplement a lieu en général tôt le matin dans les infractuosités du décor ou dans un tube en PVC. Il semble y avoir plusieurs dépôt de ponte par la femelle suivie de la fertilisation par le mâle. La femelle pond de 250 à 600 œufs sur n'importe quelle surface mais plus particulièrement dans une crevasse ou une coquille vide. La femelle quitte aussitôt l’emplacement de la ponte pour la visiter rarement pendant la période d’incubation, c’est le mâle qui s’occupe de ventiler les œufs en faisant fréquemment des mouvements de son corps et de ses nageoires. Chaque œuf est transparent et a une taille d’environ 2 mm de long pour 1 mm de diamètre. Si vous souhaiter tenter l’élevage vous-même, après 6 à 8 jours d’incubation par le mâle, si la ponte a eu lieu sur une coquille prélevez la, cependant et en l’absence de prédateurs, le couple géniteur s’occupe pleinement de l’élevage de leur progéniture. Il est possible aussi de siphonner les larves à l’aide d’une pipette en plastique, pour se faire il faut les attirer la nuit à l’aide de la lumière d’une lampe torche concentrée dans un coin du bac. Une fois les larves placées dans un bac d’élevage, elles peuvent être nourries de plancton unicellulaire comme Euplotes et des rotifères de Brachionus. Les alevins sont à pleine maturité au bout de 26 à 30 jours, cela semble rapide mais n’oublions pas que leur espérance de vie est courte.

Voici un lien très intéressant pour la reproduction de ce poisson : http://www.advancedaquarist.com/issues/may2003/breeder2.htm

Lumière :

Le Gobi néon aime un environnement bien éclairé même lors des périodes de reproduction.

Température/eau :

La fourchette de température pour ce poisson est comprise entre 22 et 26° C bien qu'il tolère jusqu'à 27° C. La salinité s'étend de 1.023 à1.026 dans son habitat naturel mais il supporte une densité comprise entre 1.020 et 1.027. Le pH doit se situer entre 8.1 et 8.4 avec un Dkh compris entre 8 et 12.

Longueur/taille minimum du bac :

Un aquarium de 35 litres minimum est recommandé, 70 litres si vous voulez les encourager à se reproduire. Ils peuvent se reproduire dans un nano mais des changements d’eau plus fréquents seront recommandés.

Mouvement de l'eau :

Aucunes conditions spéciales, brassage faible à fort est accepté.

Disponibilité :

Ce poisson est couramment vendu dans le commerce aquariophile et ce tout au long de l’année.
Photo de 27-L :

Crevettes, deux ou trois choses d'elles...

Rubrique : Vivant
Auteur : JLC
Niveau : Débutant


Les crevettes sont des pensionnaires incontournables des aquariums récifaux et dans nos nano récifs certaines espèces sont particulièrement à leur place. De petites tailles, elles produisent peu de déchets et leur prédation est généralement compatible avec les autres invertébrés de l'aquarium. L'aptitude à se déplacer dans les trois dimensions leur donne un attrait supplémentaire qui permet de se passer de poissons sans pour autant avoir un aquarium trop statique. Elles réservent également d'autres surprises, voici deux ou trois choses d'elles…

Biologie, traits généraux

Embranchement : Arthropodes
Classe : Crustacés Sous-classe : Malacostracés
Ordre : Décapodes Sous-ordre : Crevettes

Brièvement, un peu de biologie : Les crevettes sont des arthropodes de la classe des crustacés. Elles sont caractérisées par un exosquelette chitineux rigide. (petit hommage à R. Zelazny). Cette carapace ne grandit pas avec l'animal, et impose une mue véritable et régulière, période pendant laquelle le crustacé est vulnérable. Pendant cette phase il reste caché pour échapper à d'éventuels prédateurs. Ne vous étonnez donc pas de la discrétion atavique des crevettes, parfois ces animaux demeurent complètement invisibles pendant quelques jours. Ne vous alarmez pas non plus en découvrant une dépouille (nommée ecdysie) reconstituant un animal complet, ce n'est probablement qu'un reliquat de la mue (exuvie). La reconstitution cyclique de l'exosquelette se poursuit après la phase de croissance, perdurant, en s'espaçant progressivement, durant la vie de l'animal. Selon l'espèce, l'âge, les conditions, la mue intervient à des périodes variables, de 15 jours à quelques mois. Cette production nécessite d'apporter au crustacé une alimentation riche et variée pour éviter les carences. La composition de l’eau doit également être conforme aux besoins généraux des animaux calcificateurs, ceux-ci puisant directement de l'eau les minéraux nécessaires à leur métabolisme. Les taux de carbonates, calcium et magnésium seront donc maintenus à leur valeur optimale. Un apport régulier de petites doses d’iode est bénéfique à l’animal, surtout dans le cas d'une base alimentaire qui en est dépourvue. L'avantage de la mue pour l'animal est la possibilité de régénérer d'une mutilation ou une déformation.

Les crevettes sont des décapodes, c’est à dire, des êtres munis de cinq paires de pattes ambulatoires. Elles sont portées par le céphalothorax. Le rostre comprend les organes buccaux et les organes sensitifs, yeux et antennes tactiles. L'abdomen long et articulé est pourvu de pattes nageuses, il se termine par l'éventail caudal. Tout cela assure à l’animal de multiples possibilités de nages, de marches ou de sauts rapides lui permettant l’investigation de son environnement.

Les crevettes sont sexuées, certaines mènent une vie de couple. Quelques espèces sont hermaphrodites (les Lysmata par exemple) ce qui facilite pour l'aquariophile la constitution d'un couple reproducteur. La femelle conserve les œufs sous son abdomen de 10 à 20 jours jusqu’à éclosion des larves (nauplies). L’élevage en aquarium n’est pas impossible mais délicat. A défaut d'élevage, que vous vous devez tenter un jour ou l'autre, cela constitue un apport planctonique bénéfique dans un aquarium chroniquement en déplétion de tels nutriments.

Le régime alimentaire des crevettes d'aquarium est généralement omnivore. Bien entendu il y a des exceptions, par exemple la jolie Hymenocera elegans, ou crevette arlequin, qui se nourrit exclusivement d'étoiles de mer. La maintenance de cette dernière est évidement réservée aux aquariophiles passionnés et motivés par la difficulté extrême. Mais ce peut être aussi un moyen de contrôler un envahissement de l'aquarium par des Asterina. Rappelez-vous la que la règle de prudence est d'éviter les achats impulsifs d'animaux dont on ne connait pas le mode de vie, cela évite les mauvaises surprises... Heureusement le nourrissage des espèces conseillées ne pose pas de problème particulier, les pièces masticatoires acceptant l'ingestion de tous types de nourritures. Les crevettes vendues en animalerie sont particulièrement opportunistes. Celles recommandées pour les aquariums récifaux ne sont qu’exceptionnellement prédateurs d’invertébrés fixés, cependant, si la nourriture fait défaut, il ne faut pas leur tenir rigueur de chercher de quoi survivre. Pour éviter un trop fort pillage des ressources, vous devrez apporter régulièrement des aliments aux crevettes. Les reliefs des repas destinés aux poissons peuvent suffire s'ils sont abondants. Le décor rocheux sera pourvu de zones refuges pour préserver les petits organismes de leur appétit. Les crevettes jouent également le rôle de détritivores en éliminant les animaux morts ou affaiblis, c'est une fonction écologique intéressante même si elle semble parfois cruelle. En revanche il ne faut pas attendre une aide très efficace de leur part dans le contrôle des algues inférieures, celles-ci sont consommées avec un peu moins d'ardeur.

L’animal à des préférences pour des activités nocturnes. Sa vulnérabilité en période de mue le rend prudent, discret, voire furtif pour certaines espèces. Quelques unes, Alpheus spp Periclimenes spp notamment, ont développé des symbioses, ou partenariat, afin de s'assurer une protection complémentaire. D'autres sont identifiées par les poissons comme des alliées pour lutter contre leurs parasites, ce qui réduit le nombre de leurs prédateurs. La reconstitution en aquarium d’une de ces associations est toujours passionnante à observer. Pour les étudier dans de bonnes conditions, le décor comportera des grottes, faites à l'aide de pierres vivantes, lieux abrités de la lumière qu’affectionnent particulièrement les crevettes. Celles-ci se tiennent souvent 'à l’envers' sous les surplombs. Ceux-ci sont donc orientés vers le devant de l’aquarium. En absence d’abris, les crevettes demeureront le plus souvent cachées à l’arrière du décor. Dans le cas de reconstitution de symbioses, l'aquarium correspondra au mieux au biotope typique de l'association.

Les invertébrés sont des animaux sensibles aux changements de leur environnement aussi le protocole d’acclimatation doit être scrupuleusement observé lors de l'introduction qui suit l'achat. CF : Une procédure d'acclimatation en 4 étapes. La période d'introduction est sans conteste une phase critique à ne pas négliger, pour le reste ce sont des animaux résistants.

Pour finir cette rapide 'bio', j'ajoute que leur survie en aquarium est de un à cinq ans pour les espèces courantes. Durée, que l'on peut estimer courte, compensée par les autres qualités de ces animaux dont, pour nous nanorécifeurs, l'aptitude à vivre dans de petits aquariums.

Quelques espèces communes en aquarium

Lysmata amboinensis famille des Hippolytidés
Nom vernaculaire : 'Crevette barbier à bandes blanches'. Le nom commun provient du fait que ces crevettes sont des 'déparasiteuses' des poissons. L’attitude du poisson et de la crevette lors de l’opération fait penser effectivement à une séance chez un barbier. Cette fonction rend service dans les aquariums de grand volume pour l'hygiène des poissons mais est peu constatée dans nos aquariums à l'exception de phases parasitaires déclarées, comme celles consécutives à une introduction d'un nouveau poisson. Le comportement de 'déparasitage' est malgré tout facilement observé en mettant la main dans l'aquarium quelques secondes sans bouger, rapidement la crevette vient faire un peu de nettoyage !
Les élégantes crevettes Lysmata et particulièrement L. amboinensis sont les hôtes privilégiés de nos aquariums récifaux. Faciles à nourrir, tolérantes, il est aisé de constituer un couple. C'est un excellent choix pour le novice dans la maintenance de ces animaux. L. amboinensis peut mesurer jusqu’à 7 cm. Un aquarium d'un minimum de 50 litres, mais de préférence 100 litres, comportant un décor rocheux et de nombreuses caches est idéal.

Lysmata debelius famille des Hippolytidés
Nom vernaculaire : 'Crevette barbier pourpre', la raison est ici facile à deviner. Les remarques générales concernant L. amboinensis sont valables pour L. debelius. Cette crevette est plus éclatante que la précédente mais demeure malheureusement plus discrète. Elle peut être conservée également en couple. Taille jusqu’à 8 cm. Un choix alternatif à L. amboinensis pour le débutant comme pour l'expert.

Lysmata wurdemani famille des Hippolytidés
Cette crevette est un excellent détritivore qui s’attaque aux anémones parasites Aiptasia, ou anémones de verre. Cette réputation (non usurpée) lui assure un bon succès dans les bacs. Cependant son comportement, par trop discret, et sa robe sont beaucoup moins attractifs que ses consœurs amboinensis ou debelius. Elle peut être confondue facilement avec d’autres crevettes qui ne seront pas efficaces dans l’éradication des anémones Aiptatsia ce qui donne une grande déception chez l’amateur. Peut être conservée en couple. Taille jusqu’à 4 cm. A choisir sans hésiter pour lutter de manière bio (il faut être patient) contre les anémones Aiptasia.

Thor amboinensis famille des Hippolytidés
Nom vernaculaire : 'Crevette symbiotique des actinies', ce surnom provient de son comportement symbiotique avec les anémones de mer et aussi 'Sexy shrimp', qui provient de la position surélevée et des mouvements de l’éventail caudal.
Cette minuscule crevette est une perle pour nos nano-récifs, en effet le microcosme est propice à leur contemplation. Elles sont perdues dans un aquarium de grand volume alors qu'un petit bac permet de les localiser plus facilement. Leur excessive petite taille en fait une proie facile pour bon nombre de poissons. Afin de s'assurer une protection, elles ont développées une relation symbiotiques avec les anémones (Phymantus sp. par exemple). Dans l'aquarium, et en absence de prédateur, un corail de substitution permet de s’affranchir de la contrainte supplémentaire du maintien de l'anémone. Un corail mou de la famille des Actinodiscidés ou un corail dur à large polype comme celui des Euphyllia convient bien. Les Thor sont de préférence conservées en groupe de trois à cinq individus. Leur taille est vraiment petite, souvent moins d'un centimètre au moment de l'achat, 2 cm une fois adulte. C'est donc une crevette à l'échelle nano qui peut être placée dans un aquarium à partir de 30 litres comportant un corail de substitution.
CF. Thor amboinensis (De Man 1888)

Alpheus spp famille des alphéidés
Nom vernaculaire : 'Crevette pistolet'. Ce surnom provient du claquement sonore que la crevette peut émettre avec sa pince hypertrophiée. Ce claquement assez inoffensif peut étourdir une petite proie, il sert aussi à effrayer un ennemi. Ce claquement sec (tac-tac), est parfois confondu avec celui de la crevette mante Odontodactylus Scyllarus, autrement dangereux prédateur.
Cette crevette s’identifie facilement par la différence considérable de taille entre ses deux pinces principales. L’une semble hypertrophiée et menaçante, cependant la taille générale de la crevette fait que l'animal est peu dangereux sans être totalement exempt d'inconvénients. Cette jolie crevette, parfois introduite involontairement par le biais des roches vivantes, ce qui est une chance. Elle est recherchée pour son curieux comportement de commensalisme avec différents gobies, notamment des genres Ctenogobiops et Stonogobiops. Les deux partenaires s’épaulent mutuellement dans l’élaboration de leur terrier : La crevette Alpheus, quasiment aveugle, est chargée des opérations de terrassement pendant que le poisson surveille les abords de la galerie. Tous les deux s’y réfugient en cas d’alerte. En aquarium, pour faciliter le travail de la crevette, il faut choisir un sable qui ne soit ni trop fin, pour ne pas s’ébouler sans cesse, ni trop grossier pour être manipulable. Il est préférable d’acheter un couple symbiotique déjà formé car tous les gobies ne s'associent pas avec les crevettes Alpheus et chaque espèce de gobie a sa crevette préférée. L’observation du couple formé par des animaux d'espèces différentes est captivante. Leur petite taille (4 cm pour la crevette, guère plus pour le poisson) est compatible avec nos nanorécifs. Un aquarium spécifique est conseillé, le spectacle des deux protagonistes suffit à le rendre intéressant. Le biotope sera évidement caractérisé par la présence du substrat ad-hoc.

Periclemenes spp famille des palémonidés
Nom vernaculaire : 'Crevette symbiotique'. Surnom non usurpé, bien que les associations soient plus souvent réellement des carposes, car seule la crevette tire bénéfice de la vie commune mais sans toutefois importuner son hôte. Cette famille est donc championne des symbiotiques puisqu’elle s’associe, selon les espèces, avec anémones, nudibranches, holothuries, oursins ou étoiles de mer ! Cette relation sert de camouflage à la crevette dont la couleur et le motif sont souvent en relation avec ceux de l'hôte. Periclemenes soror est, par exemple, exactement du même bleu que son hôte, l'étoile de mer Linkia laevigata, et se distingue qu'à peine une fois sur l'étoile. L'intérêt de telles joyaux dans un petit aquarium est dés lors évident mais il faut se procurer un couple symbiotique formé ce qui relève d'un coup de chance. La petite taille de l’animal et son aptitude à se dissimuler sur son hôte font qu’un nano aquarium spécifique est nécessaire pour son observation dans de bonnes conditions. Les sujets symbiotiques des anémones sont les plus fréquents et les plus aptes à la maintenance en aquarium, les autres hôtes sont particulièrement difficiles à maintenir et sont réservés aux experts dans ce domaine. La taille de l'animal va de 1 à 3 cm. Un aquarium de petite taille suffit donc pour la crevette. Cependant le biotope reconstitué dépend aussi de l'hôte, un fond sableux convient bien à la plupart des anémones commensales. Un minimum de compétence et des soins attentifs sont nécessaires pour sa conservation.

Rhynchocinetes spp famille des Rhynchocinetidés
Nom vernaculaire : 'Crevette chameau' ou à 'crevette à bosse', nom qui provient de la forme caractéristique de leur dos. Autre appellation commune 'crevette danseuse' qui provient de son déplacement caractéristique fait par mouvements saccadés.
Ce sont encore des crevettes nettoyeuses mais le comportement est nettement plus prédateur des petits organismes ce qui fait qu’elles sont moins recommandables dans un aquarium récifal. Elles s’attaquent facilement aux vers tubicoles et parfois même aux invertébrés fixés. Un aquarium spécifique est vraiment préférable pour leur maintenance ou bien un aquarium peuplé d'invertébrés robustes. Elle peut alors être conservée en groupe sans problème. Taille jusqu’à 4 cm. Pour aquariums d'un minimum de 50 de litres.

Stenopus hispidus famille des Stenopodidés
Nom vernaculaire : 'Crevette boxeur', ce nom courant provient de son attitude, toujours menaçante ou sur la défensive et de ses pinces de bonne taille quelle présente comme des poings. J’affectionne particulièrement cette espèce que je ne recommande cependant pas sans réserve. Celle-ci a en effet un caractère assez susceptible, et même agressif, ce qui la rend incompatible avec les petits poissons et même avec d’autres invertébrés. Pour cette raison, elle est très généralement tenue solitaire dans un aquarium récifal de bon volume et en compagnie de poissons de grande taille. C’est aussi une crevette déparasiteuse, cependant ce comportement est rarement observé en captivité, ceci est principalement du à l'absence de poissons de grande taille déparasités en milieu naturel, murènes par exemples. Elle peut être conservée en couple si celui-ci est déjà formé au moment de l’achat. Le couple restera alors indéfectible. Prenez garde, si ce n’est pas le cas, cette crevette, excessivement territoriale, tuera tout spécimen de son espèce placé dans l’aquarium. C'est une crevette d'un comportement intéressant et digne d'intérêt malgré ses petits défauts. De plus grande taille, puisqu'elle atteint 7 cm, ses pinces lui donnent une envergure impressionnante. A réserver aux aquariums d'un volume minimum de 100 de litres composé d'un décor rocheux comportant de nombreuses caches.

Odontodactylus Scyllarus famille des Stomatopodés
Nom vernaculaire : 'Squille', 'crevette mante' surnom qui provient du caractère éminemment prédateur de l'animal, sorte d’Alien de l’aquarium. Appelée encore 'crevette paon', pour les multiples couleurs de sa carapace. Parfois introduite en passager clandestin par le biais des pierres vivantes cette pseudo-crevette est souvent considérée comme une plaie. Très furtive il est difficile de l’apercevoir dans l’aquarium communautaire. En revanche elle se signale par les claquements sonores, réellement puissants, causé par le 'marteau' situé sous son abdomen, destiné à assommer ses proies. Ce bruit ne doit pas être confondu avec celui, bien plus innocent, des crevettes pistolets. Ici la mise en garde n’est pas surestimé, l’animal est réellement puissant et n’a sa place que dans un aquarium spécifique. Le soigneur doit faire très attention lors des manipulations dans l'aquarium car les blessures peuvent être sérieuses et le réflexe d'attaque est imparable. Avec la 'squille' nous sommes loin des tranquilles Lysmata ! Son observation est néanmoins fascinante pour certains. L’animal est effectivement doté d’un comportement qui s’avère organisé et même intelligent. Il est également doté d'une vision très performante. Bien entendu vous ne pourrez conserver qu'un spécimen dans un aquarium réservé à cet unique usage. La taille de l'animal va jusqu’à 18 cm. Si vous en désirez un, vous trouverez probablement un généreux donateur qui sera ravi de s'en débarrasser. Si vous avez un spécimen non voulu avec vos pierres vivantes capturez-le, mais ne le tuez pas, vous trouverez probablement un amateur intéressé !

Autres iconographies et liens internet :
http://users.skynet.be/ThomasD/article/crevette.htm
http://www.coralreefnetwork.com/stender/marine/arthropods/shrimps/shrimps.htm
http://mantis-shrimp.crazy4us.com/index.htm


Crédits photographique :
Linuen (L. Debelius)
Richard Parisot (Thor)
Stéphane Saulnier (Rhyno)
Ludovic Faccin (Alpheus soror)
Steve thiébaut (Periclemenes brevicarpalis)
Erwin Kodiat (ontodactylus Scyllarus)
Jean-louis Cuquemelle (autres photos)

Ah, ces horribles vers !

Rubrique : Vivant
Auteur : Ron Shimek (traduction JLC)
Niveau : Débutant


Voici la traduction d'un article de Ron Shimek à propos des vers polychètes errants nommés communément 'vers de feu', de leur rôle dans l'aquarium récifal et de l'attitude à tenir lors de leur découverte. Ron nous fait réfléchir sur la décision de conserver ou non un animal dans l'aquarium
naturel fondé essentiellement sur un équilibre biologique. En écartant les informations non vérifiées ou les sentiments de répulsion qu'il peut provoquer. L'affreux ver est un exemple, le hasard place de nombreux organismes détritivores dans l'aquarium et très souvent ces animaux à l'aspect souvent étrange et même inquiétant s'avèrent utiles dans le fonctionnement de l'aquarium.

Ah, ces horribles vers ! (deuxième partie)

Ver polychète

Quoiqu'il y ait beaucoup d'espèces de vers polychètes errants et que beaucoup d’entres eux peuvent potentiellement se retrouver dans les aquariums récifaux, les plus communs sont les 'vers de feu'. Lorsque l'aquariophile découvre leur présence, il pense « Oh, oh, cet animal avec ‘feu’ dans son nom ne me dit rien de bon... » Et l'aquariophile a raison sur un point. Leur pouvoir urticant. Les vers de feu ont effectivement développé des soies défensives externes faites de carbonate de calcium. Elles se terminent par des cavités remplies de venin. Si la soie est touchée, la pointe dure déchire le tissu de l'agresseur et le venin est libéré ce qui lui cause une sensation brûlante. Un exemple : Si un poisson tente de manger un ver du feu, il obtient cette sensation cuisante. Le résultat est qu’après une ou deux tentatives, le poisson n'essaye plus de manger un ver de feu même s’il est affamé. La morale de cette histoire pour l’aquariophile est claire : Premièrement ne mangez pas les vers de feu ! En fait, laissez-les tranquilles et vous ne serez jamais blessé. Si vous devez les manipuler, portez des gants ou utilisez des pincettes pour éviter de vous injecter le douloureux venin. C'est la fin du mythe numéro 1 : Ils ne sont pas vraiment dangereux... tant que vous ne les mangez pas ( !) et s'ils sont manipulés correctement.

Que mangent-ils dans l'aquarium ?
Parmi les milliers d'espèces de vers polychètes errants, il y a certainement des variétés qui mangeront de tout. Les plus impressionnants sont probablement les vers du genre Eunice. Ces animaux impressionnants peuvent atteindre 2.5 centimètres de diamètre, et jusqu'à 15 m de longs. D'après les informations collectées, ils peuvent se projeter vers le haut à dix centimètres hors du sable pour s’enfouir d’un coup sous le sable. Cela ressemble aux 'vers des sables' de l’univers de Dune…
Eunice sp. est un ver assez peu recommandable, sa taille peut le rendre incompatible avec sa conservation dans l'aquarium et il faut vraiment le surveiller de près...
... Tout comme Hermodice carunculata, un véritable prédateur.

De temps en temps, les spécimens d'Eunice ou des variétés proches, sont retrouvés dans les aquariums récifaux, lors de l’installation des roches vivantes, et ils peuvent poser de réels problèmes. Cependant, la plupart des vers polychètes ne sont pas Eunicidés ! Non seulement la plupart des vers ne posent pas de problèmes, mais ils sont, au contraire, franchement salutaires. Le mythe qui dit que tous les vers de feu sont dangereux dans les aquariums récifaux est le résultat d'un manque d'information ou de désinformation. Les espèces de vers de feu, Hermodice carunculata, sont connues depuis longtemps pour manger des coraux, en particulier les gorgones. À la différence de la plupart des vers, Hermodice est protégé contre la prédation et est généralement vu alors qu’il se nourrit. Dans les forums, les rumeurs circulent vite, et si un amateur affirme : « Hermodice est un ver de feu, Hermodice mange les coraux, alors tous les vers de feu mangent les coraux. » Il s'agit d'un sophisme et la conclusion se heurte à la réalité. La plupart des vers de feu ne mangent pas des coraux ; en fait, il s'avère que la plupart des vers de feu, et plus particulièrement les variétés d'Eurythoe et de Linopherus, qui sont aussi les plus couramment rencontrés dans les aquariums récifaux, ne mangent rien de vivant. Ces animaux sont de véritables détritivores utiles et très bénéfiques à celui qui à la chance d’en posséder dans son bac.

Les vers de feu communs sont les meilleurs membres de l'équipe de détritivores que nous puissions avoir dans nos aquariums. Ils mangent la nourriture non consommée, les détritus, et les individus morts ou affaiblis. Jamais ils ne s’attaqueront à un organisme en bonne santé. En revanche, ils localiseront et dévoreront un animal blessé dans l'aquarium car ils sont excessivement sensibles aux effluves libérés et très performants dans la recherche de nourriture. Ils trouveront rapidement les animaux morts ou malades et enlèveront toutes traces de leur présence dans un temps très court. Leur capacité de recyclage est fantastique et c'est probablement une cause du mythe qui affirme qu'ils mangent les proies vivantes. En effet, la plupart des invertébrés marins ne donnent pas de signes avant coureurs de mauvaise santé et semblent être en bonne forme juste avant de succomber, par exemple, s’ils meurent de faim. Lorsque l'animal succombe finalement à la malnutrition ou est très affaibli, les vers commenceront leur travail. Si l’aquariophile voit cela se produire dans son aquarium, il ne juge pas les vers comme des alliés mais comme de répugnants vers dévorants son spécimen rare et chéri. Catastrophe ! Il pense que les vers ont tué et mangé son animal favori ! Bien que la dernière partie de cette conclusion soit vraie, la première est fausse et l'animal était déjà mort ou très affaibli. Car, encore une fois, ces vers ne s'attaquent jamais et ne tuent pas les animaux en bonne santé. Même avec les bivalves comme les Tridacna. Tous ces « faits avérés » sont très souvent des exemples de mythologies colportées sur les forums.

Ce que font les vers de feu, et ils le font bien, est la consommation de nourriture distribuée en excès et le rôle de charognards. Ces deux fonctions sont essentielles dans la maintenance des aquariums récifaux, où le temps est compté dès lors qu'une surcharge organique apparait. Le risque de pollution est toujours important dans un aquarium. Les salutaires vers de feu sont les sujets les plus performants pour régler cela et ils sont facilement disponibles pour que les amateurs maintiennent leurs aquariums propres et fonctionnels. Tout aquariophile doit réaliser que la quantité « de nourriture excessive » permet d’accroître sa population de détritivores, lui donnant ainsi une marge de sécurité en cas de pollution accidentelle. Puis, il doit réfléchir à ce qui arriverait dans le cas d’une absence de ces précieux auxiliaires. Dans cette hypothèse, la nourriture excédentaire serait décomposée et polluerait l'aquarium, la mort d’un poisson serait une catastrophe qui entrainerait la chute de l’aquarium.

La morale de cette petite histoire est que beaucoup de croyances ont la vie dure et que les informations non vérifiées se propagent rapidement sur les forums. et deviennent l'opinion commune Ce sont souvent des légendes. Dans ce cas précis, les vers « horribles » sont, non seulement fortement salutaires, mais, dans la plupart des cas, absolument nécessaire pour l’équilibre biologique du système.

Ron Shimek (traduit par JLC, désolé Ron)

La lecture de l'article dans sa version originale est disponible sur le site de Marine depot
Voir aussi sur nanoZine : microfaune de nos nanos enquête sur un polychète

Systèmes récifaux naturels: les forces de la nature comme énergie

Rubrique: vivant
Auteur: System c
Niveau: tous


Tendance récifale

La tendance récifale actuelle en ce qui concerne les méthodes de traitement d'eau, consiste à utiliser les avantages des principes de recyclage du milieu naturel à l'échelle de nos aquariums récifaux de particuliers. La reconstitution d'écosystèmes captifs complet ont permis de maintenir des animaux d'origine variés en milieu clos.
Le facteur le plus important pour maintenir un aquarium réalisé sur un système naturel est d'utiliser les forces originelles de la nature. Les aquariums récifaux évolueront mieux en suivant cette philosophie de fonctionnement.
La base de la réussite de ce type de concept naturel est d'utiliser les énergies environnementales, en premier lieu le brassage et l'éclairage, d'une façon rationnelle pour que tout les organismes et animaux présents dans l'aquarium en profitent de manière équitable.
Il est aussi intéressant de penser différemment de la pensée traditionnelle, l'observation et la curiosité étant des éléments déterminants pour la réalisation et l'évolution d'un écosystème récifal captif naturel.


Brassage, éclairage, pierres vivantes et sable

Brassage
Le brassage de l'eau a un rôle primordial dans un écosystème captif naturel et dans tout aquarium récifal en général. Il représente la part importante de l'énergie vitale et dynamique, qui amène les fluides dans les différents secteurs de l'aquarium, notamment aux populations bactériennes des pierres vivantes.. Il assure les échanges gazeux en surface, distribue les nutriments aux coraux et évacue le mucus secrété par ceux-ci.
La nature étant soumise à un hydrodynamisme très fort et variable, il est indispensable d'essayer de se rapprocher du modèle originel. On favorise l'utilisation de pompes à gros débit et à ouverture large, comme par exemple les Nanostreams de Tunze, pour encourager un mouvement de l'eau énergique. Un brassage optimal combinera un débit des flux efficace mais sans agresser les animaux. Par exemple il peut être judicieux de casser le flux des pompes sur les vitres de l'aquarium, de manière à produire des courants indirects.
Le brassage pulsé et variable en intensité est également très bénéfique. Si le débit d'une pompe est variable, le courant de base changera d'intensité et d'orientation. S'ensuivra une variation des divers courants induits. L'effet visuel est intéressant, les polypes de certains coraux ondulant comme dans la nature. L'intérêt de cette houle devient essentiel pour débarrasser des coraux à fins tentacules de leur impuretés, qui sans cette effet de vague risquent de se charger d'impuretés diverses. On peut aussi plus simplement, réaliser un brassage changeant en branchant deux pompes sur programmateur et en les faisant fonctionner alternativement sur des périodes de six heures.


L'éclairage
C'est la deuxième source d'énergie environnementale pour l'écosystème captif. La lumière permet la photosynthèse indispensable à la flore, aux algues, aux coraux et à la micro-flore qui contribue étroitement à l'équilibre biologique de l'aquarium.
Un éclairage puissant de l'ordre de un à trois watts par litre d'eau est nécessaire.


Les pierres vivantes et le sable
Le rôle des pierres vivantes est vital.
Elles sont constituées de squelettes de coraux et de conglomérats de sédiments solidifiés par le temps. Plus elles seront poreuses et plus elles seront capables d'héberger des micro-organismes indispensables à la réalisation des différents cycles biologiques de recyclage des nutriments.
Elles abritent de nombreuses espèces d'organismes pluricellulaires, comme les bactéries Nitrosomonas et Nitrobacter qui sont les actrices de la nitrification. Au sein des pierres vivantes, il existe aussi des zones anaérobies qui sont colonisées par d'autres types de bactéries utilisant les nitrates comme source d'énergie, participant ainsi à la dénitrification.
Les pierres vivantes quand elles sont en quantité suffisante (vingt kilos par tranche de cent litres) vont jouer à la fois le rôle de filtre biologique et de dénitrateur.
L'équilibre biologique et la stabilité de l'aquarium est directement liée à la qualité et à la colonisation des pierres vivantes.
Le sable joue un rôle similaire aux pierres vivantes, en contenant tout une foule d'organismes bactériens dans ces différentes couches. Sans rentrer dans un système d'épuration DSB (Deep Sand Bed) qui comporte une épaisse couche de sable pour principal épurateur biologique du biotope, quelques centimètres d'un sable d'aragonite très fin, dispersé autour des pierres vivantes apportent un soutien d'épuration bénéfique, sans oublier le rôle décoratif du sable.


Exemple concret d'un écosystème captif naturel: mon bac récifal
Vue générale: le bac récifal de 95 litres est en fonctionnement depuis 16 mois

Cet aquarium utilise comme principales sources d'énergie un brassage énergique et un éclairage puissant. Tout est mis en place pour favoriser le fonctionnement des cycles naturels. Pas de cuve annexe, pas de filtration sur charbon actif ou perlon, pas d'écumeur.
Aucun traitement d'eau n'est présent depuis un an, l'épuration du milieu reposant sur les 22 kilos de pierres vivantes aidé par les détritivores qui jouent un rôle essentiel dans la décomposition des déchets.
Quelques centimètres de sable fin sont disposés à l'avant des pierres vivantes.
Une des pompes de brassage, une Turbelle 7200/2 de Tunze fonctionne en mode pulsé avec son 'Singlecontrolleur' ce qui permet de casser les courants induits et apporte un dynamisme esthétique bénéfique.

Pompe de brassage TUNZE 7200/2 et son Singlecontrolleur: ce type de pompe, autrefois utilisé sur des volumes important, est très approprié dans un micro-récif pour réaliser un brassage pulsé.
Ce type de configuration récifale sans traitement d'eau convient parfaitement à la maintenance des LPS, spirographes et bénitiers. Ils peuvent filtrer l'eau brut sans contrainte.
Le KH et CA sont maintenus dans des valeurs optimales avec des solutions bi-composants Grotech. Ajout hebdomadaire de strontium, iode et magnésium. Changements d'eau périodiques selon l'aspect général du bac.
La principale action d'entretien mensuel consiste en une tempete anti-sédimentation violente.
Le couple de demoiselles (Crisyptera rollandi) et les deux Lysmatas ambonensis apportent la touche d'animation.
L'apport de nourriture sous diverses formes est aussi un facteur important. La maintenance dans le milieu fermé qu'est l'aquarium ne permet pas un apport en substances nutritives aussi constant que dans l'océan, qu'il s'agisse de proies planctoniques ou d'aliments divers. Les coraux et les poissons sont donc nourris parcimonieusement mais fréquemment avec diverses nourritures congelées.


Le point sur les systèmes naturels


Afin d'évaluer et avant d'affirmer qu'un type de maintenance basée sur un système naturel est meilleur qu'un autre, il faudra du temps, de l'observation et diverses expériences d'amélioration pour valider un concept naturel. Les avancées futures viendront de l'adhésion à la philosophie que les concepts récifaux naturels mènent à la réussite. Mais comme il n'y a pas de chemin définit, cela nécessitera des idées nouvelles amenées progressivement.

Chaque aquarium possède son propre équilibre et beaucoup de paramètres rentrent en jeu dans la stabilité de l'écosystème. Nous pouvons appliquer avec succès les méthodes récifales classiques qui ont données de bons résultats, mais les expériences récifales à concept naturel font avancer plus objectivement notre compréhension du système récifal originel. Les forces dans la nature sont réelles et beaucoup plus concrètes dans le monde autour de nous.










Un pico-récif naturel: simplissime!


Auteur: The_reef_Terminator



On peut très bien réaliser un pico-récif à moindre frais et sans économie sur les résultats. Par exemple, cette cuve d'une dizaine de litres bruts dont le fond est recouvert d'environ 5 cm de sable d'aragonite fin, afin de constituer un lit de sable vivant. Une grosse roche vivante apporte un substrat dur et de nombreux animalcules. On peut même emporter la cuve avec soit chez le détaillant pour mieux choisir la ou les pierres vivantes!


Côté équipement, deux Arcadia Arc-Pod de 9 Watts font très bien l'affaire. Il n'est même pas nécessaire de remplacer le tube d'origine si l'on souhaite faire pousser des algues vertes... et qu'on n'est pas très regardant sur la teinte !


Deux Red Sea Nano-Filter, dépourvus de masse filtrante, assurent le mouvement d'eau. L'aspiration de l'un d'entre eux est réliée à une surverse Walther OFA à niveau flottant : Fini, le film organique qui surnage. Un combiné Newattino maintient la température proche de 25°C. Du charbon actif Sera dans une capsule Rena agit par diffusion.


Le pico-récif ainsi constitué est idéal pour maintenir des crevettes comme Thor spp. ou Periclimenes spp. Les zoanthaires et corallimorphaires s'y développement facilement. C'est aussi un paradis pour les serpulidés. Il est important de l'ensemencer avec une micro-faune dense et variée (micro-ophiures, petits escargots, etc) qui en assure l'hygiène.


Une pincée de nourriture sêche grossièrement broyée est distribuée occasionnellement pour nourriture la micro-faune. Une dizaine de gouttes de B-Ionic par semaine font office de supplémentation. Des changements d'eau mensuels de 50% du volume suffisent à maintenir l'intégrité minérale de l'eau de mer.